A travers le titre de cet article, je cherche à montrer toute l’impuissance des clubs comme le FC Nantes à essayer de comprendre si la sévérité d’une sanction infligée par la commission de discipline de la Ligue ou de la FFF (connue pour sa plus grande sévérité dixit Bruno Derrien) est légitime.
Cela fait plusieurs fois que le FCN se présente devant ces commissions pour défendre des cas qui sortent de l’ordinaire, si j’ose dire, et à chaque fois c’est pareil. Le club en ressort avec une sanction burlesque qu’il ne peut même pas contester en faisant appel car on le menace d’augmenter la sévérité de la sanction lors de l’appel. Si j’étais juriste et compétent dans le domaine, je me pencherais sur cette histoire de sanction plus sévère quand l’appel est demandé. Quand on y pense ce n’est pas très logique dans le foot.
Je repense au cas de la suspension de N’Goyi lors de la saison 2011-2012. Il avait été sanctionné de 10 matchs de suspension pour avoir blessé gravement un troyen. J’ai souvenir d’autres joueurs qui ont été sanctionnés dans une moindre mesure pour le même résultat. Par exemple en 2008, Wendel (Bordeaux) avait blessé Abdoun (FCN) aux ligaments croisés, 6 mois d’arrêt pour Abdoun, Wendel n’a même pas été sanctionné durant le match ni après. Pour revenir à N’Goyi, le FCN a voulu faire appel de la sanction qu’il trouvait démesuré. Et bien juste après avoir appris la décision de la commission, le club a appris « en OFF » que s’il faisait appel, il y avait des risques que la sanction grimpe à 13 matchs ! Qu’on m’explique comment est-ce possible de sanctionner davantage un joueur alors que le préjudice est terminé. Il a blessé le joueur troyen. 10 matchs de suspension sont imposés au joueur. La justice dans ce monde permet de faire appel d’un jugement qu’on conteste. Quand le club veut faire appel, il est loin de s’imaginer que le joueur peut prendre davantage. Sur quel principe se base la commission pour pouvoir augmenter les sanctions en cas d’appel ? Est-ce pour décourager les clubs de faire appel ? C’est complètement illégal. Si un club fait appel et que la sanction est maintenue cela suffit déjà et c’est cohérent.
Ce qui est bizarre, c’est de voir que lorsque l’on sanctionne un joueur d’une équipe huppée, si le club fait appel, on n’entend jamais parler de sanctions plus sévères. Quand Wayne Rooney fait appel des 3 matchs de suspension à la suite de son « essuyage » de crampons volontaire sur le corps d’un joueur monténégrin à terre, on ne le menace pas d’en prendre plus de 3. Pour la petite histoire sa sanction sera même diminuée. L’Angleterre arrivera à faire témoigner le monténégrin en faveur de Rooney et la sanction diminuera à 2 matchs. Il a pu ainsi jouer le dernier match de poules de l’Euro 2012 alors qu’il aurait dû participer à partir des quarts de finale.
Revenons à notre cher Keita qui prend donc 6 matchs. Rappel du contexte : match de CFA 2, Le FCN mène 2 à 0 face à Avoine et il reste 2 minutes à jouer dans le temps réglementaire quand un fait de jeu loufoque se produit. Voici les faits comme ils seront relatés par la presse et le joueur lui-même. Nantes vient de marquer le 2ème but à la 88ème minute. Un joueur adverse vient voir l’arbitre et lui rapporte qu’Ismaël Keita profère des insultes racistes envers lui. Nous ne savons pas si l’arbitre a entendu lui-même ces propos ou bien s’il croit le joueur sur parole mais toujours est-il qu’il expulse le joueur. Keita tente de se défendre car pour lui les soi disant insultes qu’il a entendues sont dirigées vers une seule personne : Saad Trabelsi, coéquipier de Keita et auteur du 2ème but nantais. Les deux joueurs sont connus pour se chambrer « étrangement ». Des supporters nantais rapportent en effet qu’ils ont créé un petit jeu entre eux. Keita chambre Trabelsi sur ses origines en le traitant de « sale arabe » par exemple. Et Trabelsi lui répond à base de « sale nègre ». Alors oui ce jeu est d’une débilité totale je n’ai même pas envie de comprendre comment on peut aimer chambrer un partenaire en le traitant de sale arabe ou de sale nègre. Même pour rire. Maintenant, si Keita et Trabelsi disent vrai, cela veut dire que l’arbitre s’est trompé. Les insultes n’étaient pas destinées à un joueur adverse. Le carton rouge est injustifié. Les 6 matchs de suspension sont déjà très lourds pour ce genre de faits mais la FFF a l’air de s’amuser à donner des sanctions qu’elle qualifie d’exemplaires alors que l’on peut les qualifier de complètement démesurées et inappropriées. Il est légitime qu’à froid le club fasse appel. Et là encore, le club a été menacé. On l’a menacé que la sanction de Keita pourrait être aggravée. Là encore il y a de quoi crier au scandale. Les textes de la FFF qui permettent d’augmenter les sanctions après appel n’ont aucune logique. L’acharnement est possible.
Comme les clubs doivent payer cher ces batailles juridiques (avocat etc..), ils jettent souvent l’éponge. La seule chose qu’il reste est d’aller clamer son innocence devant les médias. Ainsi Keita a parlé dans les médias (interview sur Kop West) et a confirmé qu’en aucun cas les propos qu’il a tenus sur le terrain étaient destinés à un adversaire. A 2-0 et à quelques minutes de la fin du match on peut trouver cela étrange que ce joueur s’en prenne à un adversaire alors que la victoire est assurée. On pourrait penser que cela serait plutôt le joueur d’Avoine qui pourrait être frustré de la défaite et qui pourrait avoir ce genre de comportement. Bref, rien n’est logique dans cette histoire. Keita clame son innocence et il prend quand même 6 matchs. Donc on ne l’a pas cru. Donc c’est un menteur. Donc le club doit le punir d’être un menteur ? Là aussi on a peu d’infos. Le club soutient son joueur donc il croit en son récit. Le FCN ne l’a pas sanctionné financièrement, il a même essayé de faire appel.
Encore une affaire où l’on ne saura pas la vérité. Encore une affaire où un arbitre est impliqué et où on lui donne raison sans contre-enquête. Face à un joueur, c’est toujours l’arbitre qui a raison. Raccourci trop facile. Je me demande par exemple qui a su la fin de l’histoire de l’affaire Chafni. Au cours d’un match de Ligue 1 avec Auxerre, il aurait subi des insultes racistes venant de l’arbitre assistant et en répondant il a été expulsé. Il a été suspendu à cause de son carton rouge, il devait y avoir une enquête pour écouter les enregistrements et savoir si l’arbitre assistant avait tenu des propos racistes envers le joueur. Comme par hasard, les enregistrements n’avaient pas fonctionné et il n’y avait aucun moyen de connaître le contenu des échanges entre Chafni et l’arbitre assistant. C’est magique ! Et en plus on adore faire traîner ce genre d’affaires très graves pour que les amateurs de football les oublient et passent à autre chose. Le temps permet une manipulation plus aisée. Combien de supporters se rappelleront de toutes ces histoires, qui discréditent le football, dans quelques années ? Très peu. Cela permet aux protagonistes de ce sport de continuer de faire croire aux supporters que ce sport est « clean », sans histoire et qu’il reste populaire aux yeux de tous. Si on prenait le temps de s’arrêter et de demander des explications sur tous les faits qui salissent ce sport, on verrait qu’il est loin d’être « clean ». Le système continue de protéger des arbitres dépassés par les événements. On voit bien à tous les matchs qu’ils se trompent très souvent et que les joueurs ne sont pas tous des tricheurs, surtout au FCN où la naïveté est reine et où l’antijeu est pratiquement inexistant.